Avis Black Mirror saison 7 : tient-elle ses promesses ?
Black Mirror signe son grand retour sur Netflix avec une saison 7 très attendue. Entre récits dystopiques et émotions, que nous réserve vraiment cette nouvelle salve d’épisodes concoctée par Charlie Brooker ?
Miroir, mon beau miroir
La saison 7 de Black Mirror est arrivée sur Netflix, et après quelques saisons en demi-teinte, je peux dire que Black Mirror redevient la série culte qu’elle était autrefois. Charlie Brooker, son créateur, a enfin retrouvé un angle d’accroche qui fait mouche.

Pour rappel, Black Mirror est une série d’anthologie, c’est-à-dire avec des épisodes et récits indépendants les uns des autres, qui questionne l’impact des technologies dans notre monde. Elle explore leurs dérives et se veut, comme son nom l’indique, un potentiel miroir de notre société, mais en plus sombre et plus exagéré.
Cependant, notre monde évolue à une vitesse phénoménale, et surtout l’intelligence artificielle. De ce fait, Brooker a souvent exprimé ses craintes au sujet du fait de ne plus avoir d’idées : “Nous sommes allés beaucoup plus loin parce que la réalité nous a presque rattrapés”, avait-il expliqué à Allociné en 2016. Toutefois, il a fait de ce problème une force, car ce n’est plus un futur lointain que Black Mirror explore, mais un futur proche, ce qui rend la série plus prenante.
Un récit humain au-delà des problématiques de l’IA
Au travers des 6 épisodes de la saison 7 de Black Mirror, c’est, pour la première fois, dans un voyage humain que nous emporte Brooker. Si l’utilisation de la technologie est toujours un fil rouge, vous remarquerez vite que les émotions humaines sont bien plus complexes que n’importe quelle IA et surtout beaucoup plus intéressantes pour le réalisateur.
Dans l’épisode Des gens ordinaires, par exemple, un homme tente de sauver sa femme en lui implantant une technologie qui lui permet de rester en vie. Seulement, à peine retrouvée, les amoureux se retrouvent face à un dilemme moral : vivre malheureux ou mourir dignement. Tout comme pour un service réaliste, l’offre proposée à Mike, le mari, pour sa femme Amanda, est soumise à conditions.

Si au début tout se passe bien, le couple devra bientôt payer pour que Amanda puisse se déplacer plus loin, et même pour éviter qu’elle puisse recevoir des publicités intrusives à n’importe quel moment.
Un tacle bien pensé à Netflix, aux autres services de streaming et à leurs offres de plus en plus onéreuses, avec des publicités pendant les programmes. Alliant critique du capitalisme et débat éthique sur l’euthanasie, cet épisode est une mise en bouche efficace qui installe la nouvelle ligne éditoriale de Brooker.
Au contraire des saisons précédentes, qui étaient plutôt acerbes, Black Mirror saison 7 devient plutôt douce-amère. Le show fait le choix d’explorer les thèmes de la nostalgie, des amours brisés et des conséquences de simples choix. Dans Eulogie, un homme a la possibilité de se replonger dans de vieilles photos pour revivre son passé et découvrir ce qu’il a raté à cause de la décision la plus importante de sa vie. Dans Bête noire, une simple phrase a conduit au harcèlement d’une jeune femme innocente, prête à se venger toute sa vie. Toutefois, c’est dans Hotel Reverie, l’épisode le plus marquant de cette saison, que le concept trouve son point d’orgue.
Dans cet épisode, l’actrice Brandy Friday (Issa Rae) a l’occasion de jouer dans le reboot de son film préféré, Hotel Reverie. Sauf que ce n’est pas un simple tournage. En utilisant la technologie ReDream, Brandy peut vivre une expérience sensorielle complète et être plongée dans les décors recréés en IA, tout comme ses acteurs, qui pensent être réels. Son objectif est de réciter son texte parfaitement sans perturber l’histoire, pour ne pas créer d’incohérence.

Sauf qu’un problème informatique et un intérêt particulier de Brandy pour le personnage de Clara (Emma Corrin) perturbent l’expérience. Agacée par la tournure des événements et apercevant la faille, Brandy dévoile le pot aux roses et révèle à l’intelligence artificielle de Clara : tout n’est qu’une simulation. Cet épisode est à la fois une ode aux classiques du cinéma ainsi qu’une histoire à la simplicité envoûtante, à la fois hors du temps et hors des conventions sociales.
Contrairement à d’autres épisodes comme Nosedive, qui nous poussaient à nous interroger sur les dangers de la technologie et sa capacité à nous éloigner au fur et à mesure que nous nous connectons, cette fois Brooker se demande aussi s’il n’est pas possible de créer des liens. Un peu comme il l’avait déjà fait avec l’excellent San Junipero.

Le bug dans la matrice
Parmi les histoires que propose cette saison 7, il faudrait aussi mentionner De simples jouets avec Peter Capaldi, qui raconte l’histoire d’un homme obsédé par un jeu vidéo. Le concept est assez prometteur, et en prime, il fait un lien direct avec l’excellent épisode interactif Bandersnatch en ramenant le développeur fou incarné par Will Poulter.
Seulement, il est difficile de ne pas y voir une opportunité commerciale pour le service de streaming et une publicité déguisée mais bien pensée pour Les Fouiloïdes, le jeu Netflix tiré de l’épisode. Ceci dit, il mériterait peut-être sa propre review. Heureusement, le final de la saison 7 de Black Mirror rattrape cette déconvenue.
Vers l’infini et au-delà
Clôturant la saison 7 en apothéose, USS Callister : Au cœur d’Infinity signe le tout premier sequel de l’univers Black Mirror, et le pari était risqué : reprendre l’un des épisodes les plus cultes de la série, six ans après sa diffusion. Pourtant, le retour de l’équipage piégé dans le jeu vidéo Infinity ne déçoit pas.
Au contraire, l’épisode réussit le tour de force de surpasser l’original, en apportant plus de profondeur émotionnelle et une intensité narrative remarquable. Là où l’épisode de la saison 4 rendait hommage à Star Trek, cette suite penche plutôt du côté de Star Wars, tout en multipliant les clins d’œil à des univers variés — de Matrix à Severance. Le résultat est maîtrisé mais aussi divertissant et résume à lui tout seul l’esprit Black Mirror.
En conclusion, si vous avez boudé les dernières saisons de Black Mirror, ou juste que vous étiez passé à côté, je vous conseille fortement de vous reconnecter, du moins le temps de ces 6 épisodes. Il est clair que Charlie Brooker a encore beaucoup de choses à raconter avec, pourquoi pas, un épisode sur ChatGPT. D’autant plus que notre monde évolue à une vitesse folle.
Fiche technique
Sortie | 10/04/2025 |
Saison | 7ᵉ |
Episodes | 6 épisodes |
Durée épisode | 60min |
Genre | Drame, SF |
Réalisateur | Charlie Brooker |
Site | Netflix |
Une autre saison ici
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