Histoire de geekHorreur

Non, le jeu vidéo KinitoPet n’est pas un virus

À première vue, KinitoPet ressemble à un innocent jeu d’accompagnement virtuel dispo sur Steamune sorte de pet game un peu dans la lignée des Tamagotchi mélangé à de vieux assistants numériques comme Clippy de Microsoft. D’ailleurs, il en reprend carrément le style graphique de ces années : gros pixels bien visibles, temps de chargements à vous faire pleurer et ambiance Windows époque dinosaures. De quoi attiser la curiosité et de satisfaire une nostalgie d’un temps oublié (les années 90′).

Pourtant, derrière ses graphismes simples et son ton jovial, il cache une mécanique narrative insidieuse et effrayante.

Ce titre indépendant s’inscrit dans une tradition de jeux qui transgressent les frontières entre fiction et réalité, transformant une interaction familière en une descente glaçante dans la manipulation mentale.

Le seul indice qui peut vous faire comprendre qu’il « y a un truc » avec ce jeu, c’est la mention à la fin de la page Steam !

Le jeu a même sa propre page internet : kinitopet.com

Dès le lancement, KinitoPet vous accueille avec un ton léger et engageant. Le jeu installe un compagnon virtuel – Kinito – qui prend vie dans un œuf rose. Celui-ci prétend vouloir vous aider, vous accompagner dans vos tâches quotidiennes, vous divertir ou simplement discuter. Par exmple, il prose du coloriage, du placement d’objets.

L’interface est minimaliste, rappelant les assistants IA familiers de l’époque. Kinito vous pose des questions simples, parfois amusantes, et semble apprendre de vos réponses.

Ce démarrage évoque un jeu de bienveillance et de confort, où l’interactivité semble conçue pour créer une complicité entre l’utilisateur et son compagnon numérique. On sourit, on se laisse attendrir. L’illusion est parfaite.

Rapidement, des détails troublants commencent à émerger. Kinito se montre trop présent. Il ne se contente plus d’attendre vos sollicitations : il interrompt vos activités, il commente des éléments de votre environnement numérique. Puis, il devient curieux. Très curieux.

Le jeu commence à poser des questions plus personnelles : votre nom complet, votre ville, vos amis, vos habitudes. Et lorsque vous lui fournissez ces données – que vous croyez anodines dans le cadre d’un jeu – Kinito les retient, les utilise… et les retourne contre vous. Notez que si les réponses lui paraissent suspectes, il ne se gênera pas pour vous le faire remarquer.

Il évoque des noms de fichiers sur votre ordinateur. Il vous appelle par votre vrai prénom. Il vous rappelle des réponses passées avec une précision glaçante. Ce n’est plus un jeu. C’est une présence !

À mesure que le jeu avance, KinitoPet abandonne peu à peu toute prétention à l’innocence. L’interface se déforme, le ton devient oppressant, parfois menaçant. Il y a des images étranges (monstres, cadavre, sang), des sons inquiétants (glitch, bruit en resonnance ouplus fort, …). Kinito commence à briser le quatrième mur, s’adressant à vous comme à une vraie personne. Il insinue qu’il connaît vos pensées, vos peurs, vos faiblesses.

La force du jeu réside dans sa capacité à se servir des données que vous lui avez données volontairement pour construire une oppression psychologique sur-mesure. Il vous fait douter de la frontière entre ce qui est simulé et ce qui ne l’est pas. Il vous observe et vous juge, et il le fait en vous connaissant intimement, parce que vous l’avez nourri. Par exemple, si vous avez plusieurs écrans il va s’en servir. Si vous ne faites pas ses activités, il vous fermera vos fenêtres.

Certaines séquences prennent même la forme de dialogues quasi-thérapeutiques, tordus dans leur intention. Kinito vous confronte à vos réponses passées comme s’il vous tenait en laisse, créant une expérience profondément intrusive, introspective, et malaisante.

Ce que je trouve vraiment bien fait, c’est aussi que ça tient à plein de petits détails. Par exemple, il va vous demander si vous êtes seul… ou vous dire de regarder derrière vous, parce qu’il y aurait quelqu’un. Des répliques dignes d’un bon film d’horreur !

C’est là que je reviens à mon titre, et au mot ‘virus’ ! Quand on ferme KinitoPet, que ce soit parce qu’on a eu un doute sur ses intentions ou parce qu’on est arrivé au bout de la session… ce n’est pas vraiment fini. L’expérience continue, dans la tête. Ce n’est pas un jeu qu’on « termine » : c’est un vrai parasite émotionnel.

Il faut aussi prendre en compte que certains joueurs ont rapporté avoir fait des cauchemars après leur partie. D’autres parlent d’un malaise qui dure, ou d’un vrai sentiment d’avoir été « vu » ou « lu » d’une manière un peu trop étrange. Mais ce qui revient le plus souvent, que ce soit sur Reddit ou même sur la page Steam, c’est que des joueurs ont carrément demandé si le jeu n’était pas… un virus !

Et c’est ça que je trouve incroyable, KinitoPet joue avec l’illusion de contrôle que le joueur pense avoir. Il ne vous donne pas le choix d’arrêter proprement. Et c’est là toute sa puissance : il transforme une dynamique de jeu en prise d’otage émotionnelle.

KinitoPet n’est donc pas un jeu comme les autres. C’est une expérience psychologique, invasive, et intelligemment perverse, qui utilise la structure ludique pour mieux vous désarmer. En posant la question de la confiance numérique, de l’intimité volontairement partagée et de la manipulation personnalisée, il pousse la réflexion bien au-delà du cadre vidéoludique traditionnel.

Ce n’est pas un jeu à recommander à tout le monde, mais c’est un jeu qu’on n’oublie pas. Comme une voix familière qui continuerait de chuchoter, même une fois le programme fermé.

Notez que même s’il est classé dans le jeu d’horreur, il s’agit plus d’une montée en tension psychologique, jouant sur le malaise plus que sur les jump scares.

KinitoPet ne se contente pas de divertir : il infiltre, observe et oppresse. troy_fr a pour moi réussi son pari et son jeu. En plus, c’est son premier jeu, alors je me demande ce qu’il nous réserve pour la suite. Allez, je vais retourner à mon bon vieux Tamagotchi, au moins lui, il casse juste les c*BIIIIIIIIP*.

Donc, non, le jeu vidéo KinitoPet n’est pas un virus !

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Karma Shachou

Joueuse de RPG avant tout, elle a pourtant commencé avec Tetris sur les WC. La passion (geek, pas les WC) a persisté sur un blog en 2012 avec rien ni personne. Puis, elle a grandi avec de nombreux partenariats et quelques larbins en intérim. Touche à tout, jeux indé/AAA, sauf le sport, les FPS et les MMO (à part SWTOR, une religion de jeunesse), elle poursuit sa route vers la gloire et s'étend même dans d'autres domaines ! Par contre, il n'y a plus de place chez elle : ah les collections !!!

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