Test After Love EP : se relever après un deuil

Comment se relever après un deuil ? Le 14 février 2025, après plus d’un an d’attente, le studio Pikselnesia a sorti After Love EP. C’est le dernier projet porté par Mohammad Fahmi, créateur de Coffee Talk et What Comes After avant son décès prématuré.

L’équipe, qui a travaillé en parallèle sur A Space for the Unbound, a voulu aller au bout du jeu pour lui rendre hommage à travers sa dernière création. Alors, que penser de ce titre qui mélange visual novel, dating sim et jeu de rythme ?

NB : allez on commence par le laïus habituel concernant les jeux en langue étrangère. Eh oui, malheureusement, c’en est encore un. Peut-être bénéficiera-t-il d’une traduction en français par la suite, mais en attendant, je vous recommande d’avoir un niveau correct en anglais pour suivre l’histoire de Rama.

Une belle histoire sur le deuil

Rama est guitariste, chanteur et songwriter du groupe d’indie rock Sigmund Feud à Jakarta en Indonésie. Tout semble aller bien pour lui, jusqu’au décès prématuré de sa petite amie Cinta. Dévasté par le deuil qu’il n’arrive pas à faire et la culpabilité de ne pas avoir été présent à sa mort, Rama se renferme sur lui-même et coupe les ponts avec ses ami.e.s pendant un an.

Nous commençons à jouer alors qu’il décide de réapparaitre et qu’il annonce à Adit et Tasya qu’il veut relancer leur formation musicale.

L’une est en colère et l’autre dubitatif : il lui est donc imposé un ultimatum. Il a 30 jours pour préparer un concert et leur prouver que cela vaut la peine de s’investir à nouveau. Rama va jouer contre la montre et jongler entre sa thérapie, le fait de renouer avec ses anciennes amitiés, écrire de nouvelles chansons, découvrir de nouvelles personnes… Et après tout cela peut-être enfin reprendre goût à la vie. Mais il est confronté à une difficulté majeure : il entend en permanence ce qui semble être le fantôme de Cinta, sa compagne décédée.

Donc pour vous donner un avis sans vous spoiler, j’ai trouvé que la thématique du deuil est abordée avec beaucoup de justesse et de délicatesse. Aucun personnage n’est parfait et tous luttent contre leurs propres démons intérieurs et leur difficultés.

Énormément de questions sont amenées : la culpabilité d’aller de l’avant et refaire sa vie, sortir du nombrilisme que provoque une telle douleur émotionnelle, accepter le changement que provoque la séparation et le temps qui passe… Et les relations que noue Rama vont également être l’occasion d’évoquer la souffrance des personnes LGBTQ+, le sexisme, le « people pleasing », la thérapie etc.

Un mélange entre dating sim, visual novel et jeu de rythme

Alors pour vous donner une idée sur les mécaniques, vous avez 30 jours (composés d’une journée et d’une soirée, donc deux actions possibles) pour répartir vos différentes activités (un peu comme dans Persona 5 par exemple) :

• Développer votre relation avec certains personnages (pouvant aller jusqu’à la romance, dont une queer possible) ;
• Aller en thérapie ;
• Vous entrainer pour le concert à venir ;
• Vous remémorer vos souvenirs de Cinta ;
• Jouer de la musique dans la rue pour gagner un peu d’argent.

Vos choix d’activité et vos réponses influenceront la fin du jeu : ma première run s’est par exemple soldée par une « normal ending ». (J’aurai la good ending…) Cette mécanique venue tout droit du visual novel confère une bonne rejouabilité au titre. Et à cela s’ajoute bien évidemment l’envie de tester toutes les romances proposées !

Pour la partie musicale, lorsque vous jouez de la guitare, vous avec la possibilité de jouer à deux mini-jeux : un jeu de rythme (appuyer sur les bonnes touches au bon moment) et trouver la suite des paroles lorsque vous chantez en improvisation. Sans aucun scoring ni validation de réussite, ces phases n’ont à priori pas d’impact sur le reste de l’histoire.

Je n’ai pas trouvé de différence entre le mode facile et le mode normal, mais il y a un mode auto qui joue à votre place si ce n’est pas votre tasse de thé. J’ai d’ailleurs failli choisir ce dernier plusieurs fois car la moindre erreur de touche produit un son discordant qui gâche un peu les morceaux. C’est regrettable car l’OST composée par le groupe indonésien Alphalpha est vraiment très chouette à écouter et porte agréablement le jeu.

Des personnages crédibles qui se heurtent à un manque de cohérence entre les scènes

Comme j’avais déjà commencé à l’évoquer plus haut, j’ai particulièrement apprécié l’écriture des personnages que j’ai trouvé juste et impactante. J’ai même été agréablement surprise de me rendre compte que l’histoire a apporté une raison de comprendre pourquoi l’un d’entre eux semblait en dessous du reste et moins nuancé. Je n’en dis pas plus pour ne pas vous dévoiler quoi que ce soit de plus !

J’ai été amenée à réfléchir à mon propre rapport au deuil et à la difficile et délicate question de « l’après » nos êtres chers. J’ai aimé la possibilité de se projeter et de s’identifier sans pour autant jouer un personnage plat et vide. J’ai aussi énormément apprécié les séances de thérapie, la psychologue soulevant souvent des points percutants !

Je suis cependant malheureusement sortie de l’histoire plusieurs fois à cause d’un souci de « connexion » des séquences entre elles. Pour vous donner un exemple, dans une scène avec Satria, un personnage romançable, Cinta se met en colère. Par la suite, elle décide visiblement de ne plus adresser la parole à Rama. Je passe à l’activité suivante et comme par magie cette dernière est de nouveau guillerette et ne fera plus jamais allusion au clash d’avant. Et ce type de souci s’étant renouvelé, cela a cassé le quatrième mur à chaque fois pour de mauvaises raisons.

Un bon jeu qui manque de polish

Comme je l’ai dit plus haut, le jeu est bourré de qualités. Pourtant, en tant qu’habituée des Visual Novels, plein d’autres petits détails que ceux déjà cités m’ont gênée. Et d’autant plus qu’ils étaient, à mon sens, parfaitement évitables. Premièrement, la voix de Cinta : c’est le seul personnage que vous entendrez parler, à la différence des autres personnages que vous ne ferez que lire. Cinta parle beaucoup. En soi, cela ne me dérange pas qu’elle ait plein de choses à dire, et l’interprétation de la comédienne de doublage m’a paru tout à fait correcte.

Par contre, à la différence de d’autres visuals, on ne peut pas passer sa voix lorsqu’on a fini de lire son texte. Cela casse complètement le rythme que vous avez pris à la lecture des autres personnages. Pire encore : pour passer au dialogue suivant, vous devez souvent attendre une demi seconde supplémentaire que le jeu accepte que l’audio soit terminé. Adieu mon flow de lecture, adieu…

Pourtant, on a l’impression que cette question a été pensée ! Vous avez une touche pour passer sa voix automatiquement… Mais elle passe le texte avec, et vous ne savez même pas ce qu’elle a dit. Bref, rien ne me semble correct de ce côté-là. Et d’ailleurs rien ne vous indique si vous avez activé ou non cette option. Et comme la touche pour courir est juste à côté… J’en ai passé du temps dans les logs de dialogues pour retrouver ce qu’elle avait voulu dire !

Quant à la touche pour courir, parlons-en. Elle n’est indiquée nulle part. Ni dans les commandes, ni par un tutoriel, rien. Je l’ai découverte par hasard au milieu de ma partie alors que cela faisait déjà un paquet de temps que je pestais sur la lenteur de marche du personnage principal. Problème évitable ? Oui.

NOTE : 17/20 – J’ai beaucoup apprécié le propos de After Love EP, son histoire ainsi que ses personnages crédibles et touchants. Il possède également de beaux visuels et une super OST.

Bien qu’imparfait, il a su me remuer et me faire rentrer en introspection. J’espère fortement qu’un patch viendra corriger les quelques erreurs mineures entachant l’expérience globale. Le titre est en promotion sur steam jusqu’au 28 février.

💎 Review réalisée à partir d’une version presse Steam.

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