Avis sur le film animé Your Name de Makoto Shinkai

Présentation

Your Name (Kimi no Nawa) est adapté du roman de Makoto Shinkai sorti le 28 décembre 2016. Il fit l’effet d’une bombe au box office nippon, avec 20 milliards de yen de recettes. En l’espace de trois mois, le film obtient le titre de plus gros succès de l’année 2016 au Japon. Il apporte une vague de fraîcheur dans le monde de l’animation japonaise. De plus, il fait un véritable pied de nez au géant qu’est le Studio Ghibli.

En France, le succès fût également au rendez-vous malgré un peu de retard dû au peu de médiatisation autour du film. Ainsi qu’à des exploitants de salles de cinéma frileux à l’idée de promouvoir autre que du Miyazaki.

Pour ce qui est de l’histoire

Le film met en scène deux jeunes étudiants. Taki l’adolescent tokyoïte et Mitsuha jeune fille d’un village rural. Chacun vivant son quotidien, bercé de routine jusqu’à ce que d’étranges rêves viennent troubler cette quiétude.

Bien que vivant à plusieurs centaines de kilomètres l’un de l’autre, ces deux protagonistes que tout oppose, voient leur destin s’unir lorsqu’un matin Taki se réveille dans le corps de Mitsuha et inversement. Nos deux personnages prendront ainsi possession du corps de l’autre par intermittence, quasi un jour sur deux. S’ensuit un véritable jeu de rôle dans lequel chacun devra vivre le quotidien de l’autre. Et ce le plus conformément possible, afin de ne pas éveiller les soupçons de leur entourage.

Cela se fait bien-sûr avec quelques maladresses, donnant lieu à des situations comiques. Taki sera par exemple perçu comme plus efféminé par ses amis. Mitsuha paraîtra plus étrange lorsque cette dernière ne parviendra pas à ajuster sa coiffure, ou deviendra douée en sport. Au début méfiant l’un de l’autre, nos deux héros parviendrons petit à petit à s’apprivoiser. Et de ces échanges de corps, naîtra une véritable relation affectueuse.

Mais un jour, un étrange phénomène astrologique vient mettre en danger Mitsuha et sa ville. Taki quitte alors son Tokyo natal pour tenter de rejoindre Mitsuha afin de la sauver d’un destin tragique. Mais les événements mystérieux ne feront que commencer… Mais surtout, le destin est-il modifiable? Ça, vous devrez regarder le film pour le savoir.

Ma conclusion

Selon moi, ce qui fait de Your Name un tel chef-d’œuvre, ce sont ces nombreuses qualités. J’en ai dégagé quelques-unes que nous allons voir ensemble ci-après:
⏳ Dans un premier temps, le film jouit d’une trame scénaristique savamment construite. Le roman étant lui-même déjà très bon, rendant le spectateur aussi dérouté que les personnages eux-mêmes. En effet, le film emprunte beaucoup de codes de la science-fiction (échanges de corps, voyages dans le temps) qui appuient ce sentiment. La temporalité du film se veut volontairement embrouillée, obligeant le spectateur à replacer, telles les pièces d’un puzzle, la chronologie du film.

⏳ Même si de nombreux codes de la SF sont présents, le film ne tombe en aucun cas dans les clichés du genre. Bien au contraire, l’œuvre se veut très réaliste. En atteste le travail de recherche effectué par l’équipe du film, afin de retranscrire au mieux les lieux dans lesquels se déroule l’histoire. Eux-mêmes inspirés d’endroits réels: Shinjuku pour Taki, Hida Furukawa. Et plus généralement la préfecture de Gifu pour le village imaginaire de Itomori dans lequel vit Mitsuha.

⏳ Le film est une véritable aubaine pour ceux qui s’intéressent à la culture japonaise ainsi que ses différentes régions. Celui-ci joue sur une dualité entre la campagne et la mégalopole, mais également entre les traditions et la modernité. Le contraste entre le vrombissement de Tokyo, ses buildings à perte de vue, sa modernité, contre la verdure et le calme de Itomori, son temple shinto dans lequel la famille de Mitsuha qui s’efforce de faire vivre les traditions via des rituels ancestraux… etc. Tout cela apportent une vraie richesse au film.

⏳ Sans tomber dans le cliché, Your Name apporte des questionnements moraux pleins de vertus, propre à beaucoup d’animes, telle que la vulnérabilité de l’être humain face aux forces de la nature, le caractère éphémère des souvenirs face au temps qui passe, les liens familiaux, l’amour.

⏳ Et pour finir, d’un point de vue purement esthétique, le film est une véritable prouesse technique. Nous avions déjà pu le constater dans le précédent court métrage The Garden of Words où Makoto Shinkai jouait déjà avec la lumière. C’est encore le cas ici, avec les reflets dans l’eau, une comète brillant de mille feux, un timelapse du crépuscule à la nuit surplombant Tokyo. Makoto Shinkai décompose la lumière avec brio, et le reste du film lui-même est très pétillant et coloré.

⏳ Tout cela accompagné est par une bande son réalisé par le groupe Radwimps, qui accompagne à la perfection les différentes scènes passant d’un son pop très énergique lors de moments joviaux, à des arpèges au piano plus doux pour les passages plus mélancoliques. https://www.cwfilms.jp/

Galerie d’extraits

Découvrez un autre avis: Le Sommet des Dieux