Dead Island 2: l’apocalypse hédoniste
Mon partenaire S!CK magazine a publié une pilule dédiée à Dead Island 2, je vous la propose étant donné que ça fait le lien avec ma review. Vous pouvez la lire ici: https://lebloggeek.com/test-dead-island-2. Mais sachez que « La pilule » est normalement disponible en vous abonnant à la newsletter de leur site.
Sur les hauteurs d’Hollywood, les lettres brûlent et les cadavres se réveillent. Les beaux quartiers sont littéralement ravagés par les flammes, mais tout ce que demande Curtis, c’est une bonne bouteille de Whisky. Et pas de la gnole de bas étage.
C’est toute la beauté de la saga Dead Island, dont le deuxième épisode (lui-même ramené à la vie après un développement chaotique) tape dans le mille. Alors que l’existence est proche de son dernier souffle, que le monde est dans les ultimes relents de son agonie, les gens que vous croisez ne vous demandent pas de nécessaire de survie. Pas de bandages, pas d’eau ni de nourriture, mais toujours des trucs improbables — trouver une guitare, faire des vidéo pour un influenceur. Comme si d’une certaine manière, ce parfum d’ironie absurde commençait à faire sens — les PNJ sont manifestement trop cons pour réfléchir aux rudiments de leur propre survie, à moins qu’ils ne soient suffisamment intelligents pour comprendre que tout est déjà terminé, et qu’il ne reste qu’à partir en beauté. Que le dernier verre de vin soit du meilleur des crus, que l’ultime cigare soit un cubain — foutu pour foutu, les occupants de Dead Island 2 vivent plutôt qu’ils ne survivent. C’est peut-être ce qui rend la saga aussi particulière dans le registre du survival zombie. Dans le premier épisode, on visitait déjà la station balnéaire de Banoi, ces hôtels de luxe au cœur d’un paradis tropical, ces plages de sable fin maculées d’hémoglobine, ces valises laissées sur place et voitures de luxe à l’abandon…
Dead Island 2 poursuit allègrement ce fantasme hédoniste de fin du monde. Los Angeles, c’est d’ailleurs la ville parfaite pour puiser dans ce bain de luxure — un éden de silicone calciné aux rayons ultra-violets, que les survivants du jeu appellent « Hell-A ». Le même surnom que Hank Moody donnait à la cité des anges dans Californication. Cette carte postale américaine par excellence, miroir du paraître et berceau de la superficialité hollywoodienne — un rêve en plastique et en contreplaqué, aussi réel que le type en costume d’Iron Man qui déambule devant le Chinese Theatre. Des villas de Bel-Air aux corps body-buildés de Venice Beach, l’usine à rêve de Los Angeles révèle toute la supercherie du monde — que ce soit dans les studios de cinéma en contre-plaqué, les stars du rock déchues ou dans l’opulence de cette maison d’influenceur, qui attire la sympathie de ses abonné/es avec des messages d’excuses scriptés et une affection surjouée. Dead Island 2 est un royal foutoir, mais c’est aussi un grand moment de catharsis, une parenthèse de célébration apocalyptique où la vacuité du monde se fait charcuter à grand coup de katana, de pistolet à clou et de poings américains électrifiés.
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